L'escarre est une plaie cutanée due à une pression prolongée au niveau des tissus mous, qui affecte donc les patients alités ou peu mobiles.
Cette lésion nécessite des soins médicaux appropriés, car son évolution peut être grave. Elle fait l'objet de mesures de prévention particulièrement efficaces.
Les escarres peuvent toucher les personnes âgées qui restent au lit, dans une chaise ou dans un fauteuil roulant pendant une longue période. Par exemple dans des hôpitaux et dans des établissements de soins de longue durée, mais pas seulement : les personnes en fauteuil, les prématurés, peuvent également connaitre ce problème..
Selon le National Pressure Ulcer Advisory Panel (NPUAP) et pour les IDE Infirmiers Diplômés d’État, l'escarre se définit comme "une lésion ischémique localisée au niveau de la peau et/ou des tissus sous-jacents, située en général sur une saillie osseuse. Elle est le résultat d’un phénomène de pression, ou de pression associée à du cisaillement". Et donc son origine est la diminution de la circulation sanguine locale.
D'autres définitions la décrivent comme une plaie de pression provenant de l'intérieur des tissus, ce qui la rend dans un premier temps non visible, contrairement aux plaies d'abrasion. La plaie se forme à cause du manque d’oxygène transporté jusqu'aux tissus compressés, qui se nécrosent progressivement.
La plupart des plaies de décubitus, également appelés ulcère de décubitus ou escarre de décubitus, correspondent à une lésion localisée de la peau et/ou des tissus sous-jacents généralement au niveau d'une proéminence osseuse, due :
• à une pression brutale et soudaine
• à un pression longue et prolongée
• ou à une pression associé à un cisaillement ou une friction (lors du séchage de la peau après une toilette par exemple).
A ne pas confondre avec un ulcère chronique de la peau qui est une lésion de la peau où les tissus sous-jacents ne sont pas touchés.
Les escarres sont généralement classées en trois catégories en fonction de leur origine :
• l’escarre accidentelle, qui résulte d'une affection transitoire altérant la mobilité et/ou la conscience ;
• l’escarre neurologique, qui est induite par une maladie chronique, sensitive ou motrice ;
• l’escarre multifactorielle, qui se manifeste chez les patients alités ou en fauteuil présentant des polypathologies (réanimation, gériatrie, services palliatifs…).
Les facteurs de risques extrinsèques ou mécaniques de l'escarre sont :
• la pression : facteur déterminant lié à l'intensité, la répétition et la durée de l'exposition du patient au risque ;
• le cisaillement : glissement des tissus les uns sur les autres provoquant des lésions de la microcirculation ;
• la friction : frottements directs entraînant une lésion cutanée superficielle ;
• la macération : exposition à long terme à des irritants cutanés (urine, selles) qui altèrent la couche de protection de la peau.
Il existe également des facteurs cliniques tels que la dénutrition et l'immobilisation, qui représentent, tous deux, des facteurs au risque de survenue d'escarre. Certaines pathologies comme le diabète, l'hémiplégie ou encore l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs constituent des facteurs de risque supplémentaires.
Les escarres surviennent majoritairement au niveau des zones d’appui et, plus précisément, dans les régions corporelles où l'os est situé à proximité de la peau : sacrum (fesses), talons pour 80% d’entre eux mais aussi les hanches, pli interfessier, coccyx, chevilles, coudes, omoplates, bas du dos… Néanmoins, l'escarre est susceptible d'apparaître à tous les endroits où la pression exercée est forte et persistante dans le temps.
La formation d'une escarre se manifeste sous la forme d'une rougeur localisée au niveau d'une zone d'appui. Cette rougeur a la particularité de ne pas blanchir sous la pression du doigt, et elle violace peu à peu. Au fil du temps, la lésion s'écorche, formant une plaie de pression plus ou moins large, profonde et suintante. La région touchée devient noire en raison d'un manque de vascularisation des tissus. Dans les cas les plus sévères, la peau morte se décolle, dévoilant les structures sous-jacentes comme les muscles ou les os.
Les escarres sont habituellement catégorisées en quatre stades définis en fonction de la sévérité de l'atteinte :
• Stade I : une altération superficielle de la peau sans déchirure, mais présentant certaines modifications comme un changement de température, de texture et/ou de sensibilité. La peau rougit ou bleuit.
• Stade II : une perte de peau est observée au niveau de l'épiderme et/ou du derme. La lésion se manifeste sous la forme d'une abrasion ou d'une ampoule (phlyctène).
• Stade III : perte de l’épaisseur de la peau associée à une nécrose du tissu sous-cutané. L'ulcération est profonde et peut s'étendre aux tissus sous-jacents.
• Stade IV : perte de l’épaisseur de la peau avec atteinte des muscles, des os et/ou des structures de soutien. Des fistules peuvent apparaître.
Il arrive, dans certaines situations, que l'escarre ne soit pas détectée avant les stades III ou IV.
La mise en œuvre de mesures préventives s'applique chez les patients présentant un risque accru ; mais également chez les patients déjà porteurs d'escarres, de manière à éviter de nouvelles apparitions.
Les principales mesures sont les suivantes :
• Reconnaître et évaluer les facteurs de risque chez le patient en utilisant une échelle d'identification du risque.
• Réduire la pression en favorisant la mobilité, la verticalisation et les changements de position réguliers du patient.
• Utiliser du matériel de support — surmatelas, matelas, coussins de siège — adapté à la problématique.
• Contrôler régulièrement les zones touchées et veiller à leur hydratation en appliquant une huile de soin anti-escarre.
• Maintenir une hygiène irréprochable et douce pour éviter, notamment, la macération qui peut faire l’objet d’une prévention avec une crème barrière au zinc protectrice.
Parallèlement aux mesures préconisées ci-dessus, la nutrition a une importance particulière pour prévenir les escarres. En effet, la dénutrition étant un facteur prédictif, il est impératif de veiller à l'équilibre alimentaire du patient ainsi qu'à son taux d'hydratation. Pour réduire la pression exercée sur les zones d'appui, il est conseillé de réaliser des changements de position du patient toutes les 2 à 3 heures environ. Les frictions et cisaillements devront être prévenus par une manutention adéquate de la part des soignants. Généralement, un décubitus latéral oblique à 30° par rapport au plan du lit est adopté.
Ce sont les zones d'appui qui sont les plus sujettes aux escarres car dans ces zones, l'os se trouve près de la peau. Ainsi, les talons, les chevilles, les fesses, la zone dans le bas du dos, les hanches, les omoplates, les coudes, ou encore l'arrière de la tête sont les zones les plus susceptibles d'être touchées par une escarre.
Cependant, il est important de préciser que les escarres peuvent apparaître n'importe où sur le corps.
Pour déterminer le stade de l'escarre, les médecins procèdent à une évaluation initiale du patient. Ils utilisent également des échelles de risque — Norton, (ou Waterloo) ou Braden — afin d'opter pour des mesures de prévention adaptées en fonction du risque. Des réévaluations fréquentes sont également programmées, afin de contrôler l'évolution des lésions et de détecter précocement d'éventuelles complications.
Si la plupart des personnes concernées rapportent des douleurs et des démangeaisons au niveau des escarres en formation, d'autres, en revanche, ne ressentent aucun symptôme particulier. La question de l'évaluation des risques revêt ici une importance cruciale. La détection des escarres à un stade précoce est un prérequis essentiel à une prise en charge efficace et à une guérison rapide. Toute apparition de rougeur persistante chez une personne en perte de mobilité doit faire l'objet d'une consultation médicale.
La prise en charge des escarres se fera par un professionnel de santé, et s'articulera autour de plusieurs axes :
• Soulager la pression au niveau des zones d'appui (thérapie par pression négative, literie spécialisée…).
• Nettoyer et panser les plaies en procédant à des soins adaptés (pansements spécialisés).
• Maîtriser la douleur par l'administration d'antalgiques plus ou moins puissants.
• Contrôler et rééquilibrer l'état nutritionnel du patient.
• Recourir à la chirurgie pour refermer les plaies les plus profondes.
En présence d'escarres constituées, la stratégie thérapeutique privilégiée dépend de divers facteurs : stade, localisation, état général du patient, pathologies associées… C'est la raison pour laquelle un bilan initial minutieux doit être réalisé par un médecin.
Une fois l’escarre formée, un professionnel de santé (infirmière, aide-soignante…) mettra en place un certain nombre de soins pour aider à la guérison. Pour favoriser la cicatrisation d'une escarre, la plaie de pression doit nécessairement être maintenue dans un milieu humide fermé. Ainsi, une lésion sèche doit être protégée à l'aide d'un pansement humide (hydrocolloïde). L'exsudat (le suintement de la plaie) contient une partie des composés nécessaires à la cicatrisation et, notamment, à la phase de détersion et à celle de la reconstruction. Dans les faits, les escarres sont nettoyées avec du sérum physiologique, sans être séchées. Le pansement spécialisé, lui, doit être changé tous les 7 jours maximum.
La douleur ressentie par le patient n'est pas obligatoirement corrélée à la taille de l'escarre. Elle peut survenir brutalement, être persistante, se limiter à la phase de soins, ou s’accentuer avec la mobilisation. Selon les recommandations de la Haute Autorité de santé, la prise d'antalgiques est préconisée pour soulager la douleur, et des mesures complémentaires permettront également d'atténuer le symptôme : utilisation d'un matériel adapté, pansements spécialisés, lavage de la plaie…Il est impératif de s’entourer de professionnels de santé pour adapter le traitement à chaque situation.
La gestion des facteurs de risque constitue l'un des moyens les plus efficaces dans le cadre de la prévention des récidives. Pour les patients alités durablement, cela passe inévitablement par l'utilisation de supports adaptés, mais également par un suivi médical régulier avec des réévaluations du risque fréquentes.
Afin de mieux prévenir ou de guérir les escarres, les proches ainsi que les aidants de la personne concernée doivent être informés de la manière de procéder et des bons gestes à adopter. L'information donnée devra, bien entendu, être adaptée à la situation du patient. Elle constitue également une condition indispensable au retour à domicile.
Dans la majorité des cas, les escarres présentent un pronostic favorable. Certaines nécessitent toutefois un séjour hospitalier, ou peuvent se surinfecter. Il arrive néanmoins que des escarres engendrent le décès du patient. Mais il n’est pas possible de parler de durée d’espérance de vie moyenne à propos des escarres et ces cas sévères sont généralement liés à des pathologies sous-jacentes.
Les escarres compliquées qui ne suivent pas un processus de cicatrisation normal peuvent être prises en charge par voie chirurgicale. L'intervention consistera à enlever les tissus morts, et à reconstruire la cavité à l'aide de lambeaux musculo-cutanés prélevés sur le patient.
Pour les patients qui ne font pas l'objet d'une hospitalisation, le développement d'une escarre représente un motif de consultation médicale en urgence. La prise en charge rapide de la lésion facilite sa guérison.
Pour trouver des témoignages concernant la prévention des escarres, il suffit de faire une recherche sur internet. Voici des exemples de témoignages que vous pourrez rencontrer.
"Mon père s'est cassé le col du fémur et a dû rester alité pendant longtemps. Pour éviter les escarres, nous avons équipé son lit d'un matelas anti-escarre, ce qui semble avoir bien fonctionné."
"J'ai consulté pour une escarre à la cheville qui ne guérissait pas. Chaque nuit, la douleur était telle que je n'arrivais plus à dormir. Grâce à des soins infirmiers quotidiens, la plaie est en cours de cicatrisation."
"Lors de mon hospitalisation, des aides-soignantes ont détecté un début d'escarre au niveau de mon sacrum. J'ai fait l'objet d'un bilan complet et d'une mobilisation régulière. La cicatrisation s'est naturellement faite et j'ai pu rentrer chez moi."
• Les escarres sont des plaies résultant d’un manque d’oxygène transporté jusqu'aux tissus cutanés, à cause d'une pression prolongée.
• Divers facteurs peuvent accroître le risque de survenue d'une escarre : friction, humidité, cisaillement, dénutrition, perte de mobilité…
• Un examen clinique permet de détecter la formation d'une escarre.
• Des mesures de prévention permettent de limiter leur survenue : mobilisation fréquente des patients alités, utilisation de supports spécialisés, maintien d'un équilibre nutritionnel…
• Le traitement des escarres nécessite le maintien de la plaie dans un environnement humide, des soins infirmiers appropriés et une surveillance médicale accrue.
• La prévention des escarres passe par une information des patients et de leurs proches, ainsi que par le respect des bonnes pratiques pour éviter les lésions cutanées.
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