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Justine Monsaingeon : « Plutôt que bannir les écrans, il faut apprendre à s’en servir ! » 


Maman de jumeaux et entrepreneuse du digital avec Dynseo, Justine Monsaingeon a créé Coco, une application qui amuse nos petits en stimulant leur cerveau mais aussi leurs jambes, en les incitant à faire un peu d’exercice entre deux jeux sur tablette. On a adoré le concept… et sa créatrice ! 


Pouvez-vous nous raconter la reconversion professionnelle qui vous a conduit à créer une application de jeux pour les enfants ?

On était en 2013. J’étais commerciale dans un cabinet de conseil et j’ai eu envie d’un peu plus d’humanité : j’ai quitté mon job du jour au lendemain. En attendant de trouver ma voie, j’ai fait du bénévolat dans une maison de retraite en tant qu’animatrice : je faisais jouer les seniors. J’ai adoré cette expérience mais j’ai rapidement réalisé que ce n’était pas du tout valorisant pour eux car on leur donnait des jeux d’enfants et ils le savaient. Je suis venue un jour avec un iPad et, pour eux, ça a été magique. Ils ont très vite pris la tablette en main. J’en ai parlé à ma maman qui est elle-même entrepreneure et très douée sur l’aspect technique. 

On a donc creusé et eu l’idée de créer des jeux de mémoire pour les seniors. On voulait que ce soit culturel, adapté à leur génération pour qu’ils aient envie de jouer. L’idée n’était pas simplement de stimuler leurs capacités cognitives, mais vraiment de créer une application de santé, de bien-être destinée aux seniors. Quelques années plus tard, on a aussi décidé de travailler avec les enfants, notamment les autistes et ceux qui ont des troubles de l’apprentissage, et on a créé l’appli Coco. 


Comment est venue l’idée d’ajouter ces temps de pause « sportive » à l’application ? 

Je suis maman de deux enfants, Louis et Benjamin, qui ont 5 ans maintenant. Pendant le confinement, comme beaucoup de parents, on a été obligés de les mettre devant un écran pour pouvoir travailler… Très vite, je les ai vus obnubilés, je constatais chez eux tout ce qu’on prédit si on laisse nos enfants trop souvent ou trop longtemps devant un écran : ils devenaient presque agressifs, hurlaient quand on coupait la tablette… C’est comme ça qu’a germé l’idée de créer cette pause sportive. Coco propose donc une trentaine de jeux éducatifs (puzzle, jeux de mémoire, de maths, mais aussi des jeux sur la construction des phrases, la culture générale) mais au bout de 15 minutes, l’application impose à l’enfant de faire une pause durant laquelle le personnage, Coco, les fait danser, chanter, bouger : il y a des chorégraphies, des jeux d’équilibre, un jeu de ressort et aussi un jeu d’imitation des émotions et bientôt une pause yoga, réclamée par les enseignants qui utilisent l’appli. On le sait : faire des pauses, aérer son cerveau, c’est hyper important. Nous nous sentons très concernés par les problèmes de sédentarité, d’obésité infantile, qui ne se sont pas améliorés avec la crise sanitaire…


Entre votre entreprise et ses dix salariés, et vos deux enfants, comment conciliez-vous vie pro et vie perso ?

C’est très, très dense mais je m’impose d’aller chercher mes enfants tous les soirs à l’école à 18h30. Louis râle souvent car ils sont toujours les derniers à la garderie. Mais Benjamin m’a dit il y a quelques jours : « Toi, tu ne dois pas beaucoup travailler parce que tu t’occupes beaucoup de nous ! » J’ai trouvé ça magique et s’il reste sur cette impression, ça me va très bien. Après bien sûr, lorsque les enfants sont couchés, je me remets au boulot et je travaille jusqu’à minuit ou 1 heure du matin… 


Parvenez-vous à couper totalement votre smartphone lorsque vous êtes avec eux ?

Absolument pas ! Il m’arrive très souvent de parler avec eux tout en répondant à un e-mail pour le boulot. Et j’assume totalement. C’est comme ça : je travaille dur. L’avantage, c’est que Coco est un peu une aventure familiale : la cofondatrice est leur grand-mère, c’est ma sœur (prof de français) qui a conçu l’un des jeux et mes fils font la voix off de Coco… Cela aide beaucoup à ce qu’ils acceptent plus facilement l’intrusion du travail dans le cocon familial !


Avez-vous des conseils pour les parents de jeunes enfants dans la gestion des écrans ? 

Généralement, dans la littérature, on lit : « pas d’écran avant 5 ans ». Mais dans la vraie, on le sait, ce n’est pas toujours possible. Ils nous voient avec notre téléphone tout le temps, on en a besoin dans le train, ils y sont exposés à l’école. Bref, je pense que plutôt que de bannir les écrans, il faut apprendre à bien s’en servir. Mon conseil, c’est de trouver des activités qui sont participatives. Il n’y a pas que Coco bien sûr, il y a aussi des vidéos. Quand mes enfants étaient petits, ils regardaient par exemple Dora l’exploratrice : le personnage interagit avec les écrans, le principe est intéressant. Il y a aussi des jeux vidéo très simples où l’écran se sépare en deux et on peut jouer avec eux. Maintenir la communication est à mon sens hyper important. C’est quand ils sont seuls devant l’écran que cela devient problématique. Dans ce cas, j’essaie de les sortir de leur passivité en les interrogeant sur ce qu’ils regardent. Et puis bien sûr, une règle d’or : pas d’écran le soir ! 


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